Réunion entre ArtCom et le Conseil Municipal

Faisant suite au Constat de situation du centre-ville de Monthey (voir en section « Documents ») remis par ArtCom à chacun des membres du conseil municipal fin février, une réunion entre ArtCom et les municipaux a été organisée au théâtre du Crochetan le 31 août dernier.


Important: les propos ci-dessous ne sont que mon propre ressenti, et n’engagent que moi, je ne parle ici pas au nom du comité ArtCom. Je précise cela, non pas parce-que le comité n’est pas en accord, mais tout simplement car chaque membre a son propre ressenti et que je n’ai de ce fait tout simplement pas la légitimité de m’exprimer au nom de tous.


Pas moins de 8 membres du comité ArtCom sont venu soutenir le constat, à savoir Charles Niklaus (président) accompagné de Jean-Claude Aebi, Cédric Giovanola, Christian Multone, Jean-Luc Paccard, Martial Moret, Martin Quarroz et Lionel Troyon.

Pour ma part, étant nouveau dans le comité ArtCom, je n’avais jamais assisté à une réunion avec le conseil municipal. Je suis donc allé un peu naïvement à cette réunion, pensant que les conseillers municipaux d’une ville seraient forcément sensibles aux diverses situations vécues par leurs commerçants.

Voici les sentiments que je retire personnellement de cette rencontre:

A. Mépris envers le constat de situation du centre-ville :

Ce document a été critiqué et méprisé comme s’il s’agissait de simples jérémiades et critiques sans fondement. Quasiment chaque point a été tourné au ridicule, et à absolument aucun moment le conseil municipal n’a remis en question la politique menée au centre-ville.

Voici quelques phrases retenues de la part du conseil municipal:

Stéphane Coppey : « On connait déjà tout ce qu’il y a dans ce constat, il n’y a rien de nouveau, les commerçants ont toujours été nombreux à se plaindre de tout cela auprès du conseil municipal« .

Ce que je comprends est qu’il nous dit que le conseil municipal sait très bien quels sont les problèmes auxquels les commerçants sont confrontés, mais qu’ils n’en tiennent pas compte à part en leur donnant de l’argent pour organiser des événements, financer une partie du système MyPlus et des campagnes publicitaires ? Malheureusement ces mesures, mêmes si elles sont sincèrement très appréciées, ne sont pas suffisantes pour remédier le problème plus profond qui est que les gens préfèrent éviter le centre-ville de Monthey.

Gilles Cottet : « Maintenant que nous savons grâce à ce constat que des automobilistes tournent en rond encore et encore, jusqu’à ce qu’une place de parc se libère, la solution est de supprimer toutes les places qu’il reste, comme cela quand ils sauront qu’il n’y a plus aucune place en ville, ils arrêteront de tourner« .

Franchement, que répondre à cela ? S’il y avait des places en suffisance, les gens ne tourneraient pas, CQFD. Supprimer les dernières places de parc reviendrait à tuer le commerce Montheysan.

Stéphane Coppey : « Mais c’est pour vous que l’on a supprimé les places de parc, à la demande des commerçants« .

Absolument personne au sein du comité ArtCom n’a souvenir, ou même archive d’une quelconque demande de la part des commerçants à réduire les places de parc. Nous nous sommes même renseignés auprès de M. Langel, ancien président d’ArtCom, qui nous a confirmé que ce qui avait été demandé à l’époque par les commerçants est une diminution du temps de parcage, et non du nombre de places de parc. Cela est d’ailleurs clairement défini et stipulé noir sur blanc dans le plan directeur que l’on trouve sur le site de la municipalité !

Yannick Delitroz : « Vous allez dire que je me fous complètement des commerçants, mais je ne veux juste plus une seule voiture au centre-ville !« .

Cet élu confond centre ville et donc zone commerciale avec zone résidentielle. Les aspirations des habitants à avoir du calme sont tout à fait respectables et légitimes pour un quartier résidentiel; mais en opposition avec les nécessités d’un centre-ville qui a besoin d’animation, de vie et d’accès facilité en voiture aux commerces. Vouloir faire du centre-ville une zone résidentielle comme on en prend le chemin, met gravement en péril les commerces, entreprises et artisans ainsi que les emplois qui en dépendent.

Quatres conseillers, à différents moments de la réunion nous racontent quasi mot pour mot la même histoire : « J’aime faire mes courses en ville, je me gare à la Place d’Armes (ou au Cotterg suivant qui parle), je me balade en ville en allant dans plusieurs commerces car j’aime rencontrer plusieurs commerçants, et je fini sur une terrasse à boire un verre avec les amis« .

Ce que je retiens de ça, c’est que soit les conseillers municipaux pensent que les commerces ne sont ouverts que pour les clients du samedi qui flânent dans nos rues; soit nos conseillers municipaux ont vraiment trop de temps libre ! Aucune de ces personnes ne raconte ou ne connait une situation dans laquelle on fait ses courses en coup-de-vent à la sortie du travail ? Aucun ne se rend dans un magasin dans le cadre de son travail ?

Gilles Cottet qui essayait par tous les moyens de nous faire dire qu’il n’y a rien de mieux que les zones piétonnes : « Lorsque cet été, vous avez redécouvert comme moi notre pays pendant vos vacances comme quasiment tous les suisses qui ne sont pas partis à l’étranger, quel était le point commun entre tous les lieux que vous avez particulièrement appréciés ?« .

Alors outre le fait qu’il faut avoir une sacrée imagination pour oser comparer Monthey aux lieux touristiques prisés en Suisse, je relève surtout que cet élu s’imagine qu’en pleine crise du COVID et en plus des difficultés habituelles connues par les commerçants, ces derniers se sont baladés tout l’été ? Entre membres du comité ArtCom, nous nous sommes regardés en hochant la tête, jusqu’à ce que je dise « en pleine pandémie, j’ai travaillé tout l’été » (et même hors pandémie…). Et nous avons rappelé au conseil municipal que selon un sondage interne à ArtCom il y a plusieurs années, le salaire moyen des indépendants se situe aux alentours de 3’500 francs !

Stéphane Coppey, Eric Borgeaud et Gilles Cottet principalement, lorsque j’ai remercié Pierre Contat pour avoir demandé aux policiers un peu plus de compréhension et de diplomatie envers les clients parqués sur le trottoir pour charger de la marchandise : « Pierre !! C’est absolument hors de question que les policiers n’interviennent pas directement, on a dit TOLÉRANCE ZÉRO !« .

En fait, suite à diverses conversations avec Pierre Contat, conseiller municipal en charge de la sécurité, ce dernier m’avait indiqué qu’il demanderait aux policiers un peu plus de diplomatie et de compréhension lorsqu’un véhicule est parqué devant un commerce pour charger de la marchandise. Par exemple, devant AdaptaPrint, il arrive que des clients doivent se parquer lorsqu’ils viennent retirer des dizaines de kilos d’imprimés (par exemple 230 kilos pour un client mi août). Depuis que M. Contat est intervenu auprès de la police, les choses se sont bien améliorées à ce sujet, et je l’en ai remercié lors de la séance du 31 août. Je pense franchement que les autres élus n’ont jamais rien acheté de lourd, volumineux ou en quantité; ou tout simplement par mauvais temps, dans les commerces Montheysans.

Stéphane Coppey : « Vous ne vous rendez pas compte de la chance d’avoir une ville comme Monthey. Les municipalités de Sion, Martigny, Aigle et Vevey nous envient et nous demandent comment on a réussi à faire une ville aussi belle que Monthey« .

Je préfère m’abstenir de commenter cela. Il n’aurait pas été conseiller municipal, je lui aurait probablement demandé ce qu’il prenait, car j’en voudrai aussi !

Stéphane Coppey et Eric Borgeaud principalement : « Supprimer les places de parc est une volonté des citoyens de notre ville, ce sont eux qui demandent cela ! Vous n’avez pas vu ces derniers temps la montée de verts partout en Europe ?« .

Je ne comprend pas bien: est-ce pour empêcher les verts de monter à Monthey que la municipalité à pris les devants ? Mis à part cela. ce que je retiens, c’est que pour une idéologie selon laquelle « une ville sans autos, c’est cool » (mais certainement pas moins polluant, comme expliqué dans le constat), on met à mal les commerçants et surtout les emplois qu’ils représentent ? Et pour finir, je commence à connaitre bon nombre de citoyens, mais extrêmement peu d’entre eux qui soient satisfaits du nombre de places de parc.

Eric Borgeaud (à propos de l’impossibilité des clients non-montheysans de venir autrement qu’en voiture) : « Vous ne vous rendez pas compte que Monthey est devenue une grande ville, la population de Monthey est suffisament importante pour que les commerçants n’aient pas besoin des clients venus d’autres localités« .

J’espère que c’est ce qu’il a dit à Interdiscount et Maxi Bazar quand ils sont partis de Monthey où il n’y avait plus de place pour accueillir leurs clients, pour aller à Collombey où ils peuvent recevoir leurs clients comme il se doit. C’est vrai que l’on marche facilement 500m avec un lot de vaisselle ou avec un micro-onde. Concernant les grandes villes, provenant moi-même de Genève, je pense que nous n’avons pas les mêmes notions. Et surtout: j’espère pour lui, qu’en accord avec sa vision des choses, il n’achète jamais rien en dehors de Monthey.

B. Profil bas sur les achats à l’étranger

Tout n’est pas si noir : il y a eu une réelle avancée sur un point: les achats à l’étranger de la commune ou de ses organismes liés.

Le constat de situation du centre-ville de Monthey relate en effet que la ville ou les organismes qui lui sont liés comme par exemple Monthey Tourisme effectuent régulièrement des achats à l’étranger alors que des entreprises de Monthey, ou au pire du canton ou même de Suisse, proposent ces mêmes produits.

Le conseil municipal est vite passé sur le sujet, mais a clairement indiqué que cette situation était en effet pas quelque chose de normal ou d’acceptable, et que des efforts pour éviter ce genre de situation seront faits.

Merci à la municipalité pour avoir écouté et compris ce problème, nous attendons maintenant que cela se traduise dans les faits.

C. Le déni du plan directeur

Lorsque M. Coppey a essayé de me faire dire que j’aurai pu me renseigner sur le nombre de places de parc avant d’installer mon commerce à la rue du Coppet, je lui ai répondu que je m’étais renseigné auprès de la municipalité.

En effet, le seul document présent sur le site de la municipalité au sujet du développement de la mobilité, de l’automobile et du parcage est le plan directeur de 2005, qui fixe ce que doit être Monthey pour les 25 prochaines années, et nous sommes en plein dedans. Si on lit ce plan directeur, on apprend par exemple que nous devrions trouver 18 places à la rue du Coppet, alors qu’il n’y en a que 4. Pire, ce plan directeur explique que pour alimenter correctement le centre-ville piéton et les commerces, les rues perpendiculaires à l’avenue du Théâtre doivent passer de quelques 318 places au lieu des 229 présentent en 2005, soit une augmentation de 138%, alors qu’en réalité il n’y en aura plus que 70 à 80 places.

A ce moment là, j’ai vécu la scène la plus surréaliste de mon existence : Messieurs Coppey et Cottet principalement, mais également les autres membres PLR et PDC, ainsi que PS, ont tenté de convaincre le comité ArtCom qu’un plan directeur est en fait une petite étude sans grande importance « mais voyons, ce n’est qu’un plan directeur ! » et « mais vous savez vraiment ce qu’est un plan directeur ?« …

Et bien malheureusement pour eux, oui, je sais ce qu’est un plan directeur. Pour avoir un oncle architecte ayant été directeur du département d’urbanisme de la commune de Vernier dans le canton de Genève (une petite ville qui représente pas loin du double de Monthey), je sais ce qu’est un plan directeur, et pour ceux qui ne le savent pas, on trouve toutes les explications sur internet.

Mais clairement, on ne fait pas établir et rédiger un plan directeur de 87 pages sur lequel 22 personnes ont travaillé en commission pendant 2 ans et demi (mai 2003 à novembre 2005) pour le ranger dans un tiroir comme s’il s’agissait de quelques vagues suggestions.

Si en effet on peut être amené à modifier des détails du projet en cours de réalisation, et que les plans de rues inclus dans le plan directeur peuvent ne pas être suivis à la lettre, la direction définie par ce même plan demeure une sorte de contrat passé avec la population. Si ce plan devait être amené à changer, il aurait fallu pour cela soit redéfinir un nouveau plan, soit apporter des compléments ou amendements au plan existant. En le laissant seul et tel qu’il a été défini en 2005 sur le site internet de la municipalité, cette dernière valide sa légitimité.

Clairement, le plan directeur est le document auquel la population peut se référer et se fier, et éventuellement émettre des réserves ou contestation.

Comprenant que ce plan directeur ne sert finalement à rien aux yeux de nos élus, puisqu’il n’est absolument pas suivi par les autorités communales, Charles Niklaus (président d’ArtCom) a suggéré à la municipalité de supprimer ce plan de son site internet, car il ne fait qu’induire en erreur les citoyens. Chose à laquelle le président de commune Stéphane Coppey a répondu par un véritable cri du cœur: « Ah non, c’est le seul qu’on ait !« ; ce qui confirme ainsi ce qu’affirme ArtCom: le plan disponible en ce moment sur le site de la municipalité est bien le plan actuellement en vigueur et est donc le document de référence pour les travaux en cours en ville de Monthey.

Ce plan directeur explique avec précision ce que doit être le centre-ville de Monthey, et notamment comment la zone piétonne doit être alimentée par les 318 places de parc prévues dans la rue de la Gare, avenue du Crochetan, rue du Coppet, avenue de l’Industrie, avenue de la Plantaud, avenue des Alpes, rue de Venise et quai de la Vièze.

Le « contrat » passé avec la population a ainsi bel et bien été rompu.

D. Coopération avec la municipalité

Sur le moment, une partie des propos de la municipalité ont plu à l’ensemble du comité ArtCom. En effet, la municipalité a réaffirmé son désir de travailler main dans la main avec ArtCom, afin d’améliorer l’attractivité commerciale de Monthey. La municipalité nous a indiqué qu’elle attend de nous des idées (autre que de remettre des places de parc), ou des pistes de travail, et que nous devrions avoir des contacts plus réguliers.

Avec quelques jours de recul, certains membres du comité ArtCom ont émis des doutes. En effet, la façon dont la municipalité nous a parlé, notamment au sujet du constat, des places de parc, et maintenant du plan directeur, amène une partie du comité à penser que c’est bien beau de nous dire que l’on va travailler main dans la main, et c’est très probablement sincère, mais à chaque fois que l’on revient sur des revendications précises pour des problèmes profonds touchant à la politique menée par la municipalité, ces demandes sont balayées d’un revers de la main et on nous parle comme à des enfants à qui on explique qu’ils n’ont rien compris de la vie.

Alors oui, il est vrai que si l’on demande un soutien financier pour le système MyPlus, la municipalité répond présent. Idem si l’on demande un financement pour une manifestation, ou pour une campagne publicitaire sur le « consommer local ». La municipalité a toujours été aux côtés d’ArtCom. Nous l’admettons, nous le disons à nos membres et au public, et nous remercions chaleureusement la municipalité pour son aide.

Malheureusement, la situation générale qui se dégrade année après année ne peut s’améliorer que si des mesures fortes sont prises, et ce ne sont ni le système MyPlus, ni les campagnes publicitaires, ni les manifestations locales qui vont radicalement changer le profond problème de Monthey qui demeure le fait que les clients évitent le centre-ville, à part le soir pour aller boire des verres sur nos sympathiques terrasses.

Je suis convaincu que nous avons besoin que la municipalité aille plus loin en matière d’accessibilité et de parcage, car ce n’est pas quelque chose qu’ArtCom peut faire. Nous avons pleinement conscience que l’idée de base de réduire le trafic ainsi que les places de parc était noble et partait d’un bon sentiment, nous ne remettons absolument pas en question l’honnêteté de nos élus. Nous disons simplement que malheureusement, cela ne fonctionne pas ! Les gens ne prennent pas le temps ou ne se donnent pas la peine de se parquer dans les parking périphériques pour ensuite marcher 500 mètres avec de la marchandise plein les bras; et ce n’est pas à nous d’en faire les frais, car nous n’avons ni le responsabilité de la politique menée, ni les moyens de faire face à la baisse radicale de la fréquentation du centre-ville.

E. Conclusion

Pour ma part, je suis sorti déçu de cette réunion, après avoir vu mon constat rabaissé et ridiculisé par la majorité des membres du conseil municipal, alors qu’il a été écrit non pas pour les attaquer personnellement, mais pour leur faire prendre conscience des problèmes des petits commerçants du centre-ville pour qui j’ai réalisé cette étude. J’espérais peut être naïvement qu’ils comprennent l’impact que peut avoir leur politique sur tous ces petits commerces ainsi que leurs employés.

Si clairement je ne m’attendais pas à une adhésion majoritaire, je pensais au moins obtenir une certaine écoute. Je dois malheureusement admettre que la plupart de ces personnes ne sont pas prêtes à remettre en question ne serait-ce qu’une partie de la politique menée à Monthey.