Centre-ville de Monthey: vrai danger ou alarmisme intempestif ? (Update 17 août 2021)

Après moultes débats et discussions lancés dernièrement suite à la publication du constat de centre-ville, puis de mon article sur le plan directeur « le contrat rompu » et de mon article au sujet de la réunion entre le comité ArtCom et la municipalité, plusieurs questionnements légitimes ont fait surface. Je vais tenter ici d’éclaircir la situation.


Important: les propos ci-dessous ne sont que mon propre ressenti, et n’engagent que moi, je ne parle ici pas au nom du comité ArtCom. Je précise cela, non pas parce-que le comité n’est pas en accord, mais tout simplement car chaque membre a son propre ressenti et que je n’ai de ce fait tout simplement pas la légitimité de m’exprimer au nom de tous.


Contexte, évènements et publications :

Pour commencer, je remet rapidement en place le contexte :

  • De novembre 2019 à février 2020, j’ai couché sur le papier les multiples témoignages et discussions que j’ai eu avec de nombreux commerçants du centre-ville de Monthey, dans un document appelé « Constat de situation du centre-ville de Monthey« .
  • En février, je présente ce constat au comité ArtCom, pour informer ses membres de son existence et de mon projet de le remettre au président de commune en mon propre nom. Le comité m’a unanimement félicité pour ce constat, qui « relate fidèlement et précisément les situations que tout commerçant du centre-ville connait », et m’a demandé que ce soit ArtCom qui l’appuie et le remette au conseil municipal. Le constat de situation du centre-ville de Monthey a ainsi été remis au conseil municipal début mars, accompagné d’une lettre lui demandant de se déterminer par écrit par rapport à ce constat.
  • Début juin, n’ayant pas reçu de réponse, ce qui est tout-à-fait compréhensible en raison de la crise sanitaire du Covid-19, ArtCom a relancé le conseil municipal. Celui-ci ne voulant pas prendre position par écrit, a invité le comité ArtCom à venir discuter de ces problèmes lors d’une réunion avec le conseil municipal le 31 août dernier. La teneur de cette réunion est relatée dans mon article « Réunion entre ArtCom et le Conseil Municipal« .
  • Suite à cette réunion, j’ai pris l’initiative d’étudier chaque détail du plan directeur des espaces publics du centre-ville de Monthey réalisé en 2005 (valable pour les 25 années suivantes, nous sommes donc en plein dedans), car évoqué lors de la réunion du 31 août, ce qui a été relaté dans le détail dans mon article « Plan directeur : le contrat rompu !« .

Voilà où l’on en était suite à cette importante réunion.

Fin septembre – petite polémique sur les réseaux sociaux :

Suite à de petites polémiques sur les réseaux sociaux au sujet de mes prises de positions et publications personnelles, sont venus plusieurs questionnements légitimes et personnels, que ce soit au sein du comité ArtCom ou de diverses personnes. Et même moi, je me suis posé la question de savoir si la situation au sujet de l’accès aux commerces et des places de parc était réellement aussi grave que je le déclare et comment je pourrais le démontrer si c’était bien le cas.

J’ai donc créé un sondage pour ArtCom, qui n’est pas encore terminé car cela prend passablement de temps d’aller rencontrer chaque commerçant du centre ville un à un (nous ne pouvons pas le réaliser par email ou formulaire en ligne, car je tiens à avoir les signatures des sondés pour démontrer que les réponses n’ont pas été inventées ou arrangées).

Voici donc un premier BILAN PROVISOIRE, après avoir rencontré environ un tiers des commerçants, soit 33 enseignes, qui ont eu la gentillesse de prendre le temps de remplir et signer le questionnaire. A noter que je n’ai pas fais le tour des sympathisants, des membres ArtCom ou encore des membres du comité ArtCom, mais j’ai pris rue par rue ceux qui pouvaient me répondre.

Question 1 : La suppression des places de parc nuit-elle à votre commerce ?

OOui, cela nuit à mon commerce3090.9%
NNon, cela ne nuit pas à mon commerce39.1%

Question 2 : Quelle action souhaitez-vous au sujet des places de parc de surface ?

AJe demande que l’on arrête d’en supprimer et que l’on remette des places au plus vite2884.8%
BJe demande que l’on arrête d’en supprimer, et tant pis pour celles qui sont perdues412.1%
CJe m’y fait, ne changeons rien, tant pis.13.1%
DJe suis pour que l’on continue à en enlever pour augmenter la zone piétonne00.0%
EJe suis pour que l’on continue à en enlever pour une question écologique00.0%

On peut noter ici que les 3 commerces qui ont affirmé que la suppression des places de parc ne nuit pas à leurs commerces, demandent cependant que l’on arrête d’en supprimer, puisqu’ils ont répondu par A ou B. Un d’entre eux m’a expliqué qu’il se rend bien compte que cela met à mal les autres, et que la santé globale du commerce Montheysan le touche forcément.

Question 3: Pensez-vous qu’il soit opportun de construire des immeubles avec des commerces au quartier des Goilles ?

AOui, c’est opportun00.0%
BOui, et ça pourrait être une bonne opportunité pour mon commerce de quitter le centre ville sinistré13.0%
CNon, ce n’est pas opportun3297.0%

Question 4: Seriez-vous d’accord pour faire partie d’un groupe des commerçants du centre ville ?

AOui927.3%
BOui, mais cela devrait être une section d’ArtCom1442.4%
CNon, je fais déjà partie d’ArtCom, cela suffit515.2%
DNon, c’est inutile26.1%

A noter que 68.8% souhaiteraient faire partie d’un groupe de commerçants du centre-ville (réponses A et B). Trois commerces n’ont pas répondu ou n’ont pas d’avis sur cette question.

Statistiques au sujet des 33 premiers commerces à avoir répondu au sondage :

Statistiques:Nombre:Statistique:
Nombre de commerces ayant répondu:33
Nombre de personnes qui perçoivent un salaire de ces commerces:1003.0 / com.
Nombre de commerces formateurs:1030.2%
Nombre d’apprentis parmi ces commerces:150.5 / com.
Nombre de commerçants qui payent leurs impôts sur Monthey:2163.6%
Nombre de commerces faisant partie d’ArtCom:1957.6%
Nombre de commerces faisant partie du comité ArtCom:26.1%
Nombre de commerces partenaires MyPlus:1236.4%

Localisation des commerces visités :

RuesNombre:Statistique:
Avenue des Alpes515.2%
Ruelle des Anges00.0%
Rue du Bourg Aux Favres26.1%
Rue des Bourguignons39.1%
Rue du Coppet515.2%
Avenue du Crochetan26.1%
Rue de l’Eglise00.0%
Avenue de la Gare (partie haute)721.2%
Avenue de l’Industrie412.1%
Rue du Midi412.1%
Place Centrale13.0%
Rue Pottier00.0%
Place de Tübingen00.0%
Rue de Venise00.0%

Suite du sondage :

Ce premier bilan sur 33 commerces démontre déjà que la situation est grave, mais cela reste incomplet; il faudrait au moins que deux tiers des commerces du centre-ville répondent pour que ce soit considéré comme « complet ». Je vais donc continuer à visiter les commerces un à un.

Crédibilité du sondage :

Afin de lever toute suspicion au sujet de ce sondage, les feuilles remplies et signées par les commerçants sont conservées et archivées.


Ce que ne démontre pas ce sondage :

Clairement, ce sondage ne donne que des réponses « carrées » et ne retranscrit pas l’émotion, le degré d’implication et le ressenti des gens.

Personnellement, j’ai été surpris par les réactions de nombreux commerçants. Plusieurs d’entre eux m’ont clairement « grondé » me repprochant qu’ArtCom ne fait pas assez pour défendre les commerces. Quasi tous m’ont félicité pour la démarche et mes divers efforts. Beaucoup m’ont expliqué ne pas prendre ouvertement position de peur de se mettre à dos la municipalité, ainsi qu’une partie de leurs clients.

Même parmi les gérants (toutes les enseignes du centre-ville de Monthey ne sont pas forcément tenues par des petits indépendants), l’inquiétude est grande, pour les emplois de leurs collaborateurs (et eux-mêmes) notamment.

Il manque à mon sondage une notion de perte de chiffre d’affaire, mais j’ai décidé en toute conscience de ne pas poser la question, même si importante, car les chiffres sont quelque-chose de sensible et je voulais éviter d’être trop intrusif ou du moins indiscret; mais clairement, lorsque l’on parle avec les responsables de ces 28 boutiques, la situation est très alarmante. Certains se demandent combien de temps ils pourront encore tenir. D’autres m’ont expliqué ne pas avoir d’alternative, notamment lorsqu’ils sont propriétaires de leurs locaux (impossibilité de déménager, car locaux ensuite inlouables).

Même les commerces du secteur BIO et éthique, que j’imaginais naïvement fonctionner principalement avec des clients de quartier se déplaçant à vélo se disent touchés et particulièrement inquiets pour l’avenir.

Au niveau des rues qui n’ont pas encore été transformées (Avenue des Alpes et fin de la Rue de Venise), les commerçants sont très inquiets de la perte future de la majorité des places de parc et surtout de la tendance croissante des clients qui évitent Monthey lorsque l’on habite en extérieur.


Quel est le vrai risque ?

Le commerce en centre-ville est un peu comme un château de cartes. A un moment, la défaillance de l’un peu entrainer les autres. Non pas que les commerces soient liés les uns aux autres au niveau comptable, mais l’attractivité de chacun défini l’attractivité globale du centre-ville.

En résumé, moins il y a de commerces, moins ceux qui restent fonctionnent. Le monde attire le monde, et la fermeture d’un commerce affaiblit forcément ses voisins.

Il y a de multiples risques:

  • Les emplois (un commerce qui a des employés peu réduire ses coûts en rapport de son activité en se séparant d’employés; c’est rarement le patron qui part en premier).
  • Les faillites (quand les entrées ne couvrent même plus les frais, il n’y a guère d’autre alternative).
  • Difficultés à louer les locaux du centre-ville (les propriétaires et gérances sont aussi dépendants de la santé des commerces).
  • Baisse des rentrées d’impôts pour la ville (les commerçants domiciliés à Monthey ainsi que certaines SA ou SàRL payent des impôts dont le montant est forcément lié au volume de leur activité).
  • Baisse de l’offre de formation professionnelle (les commerces de Monthey forment de nombreux apprentis).

A long terme, Monthey pourrait se retrouver avec un centre ville « mort », ne proposant que quelques rares commerces, et des bistrots (et encore, ces derniers sont également touchés).

Mais à part ces termes et les chiffres qui leur sont liés, il y a de véritables drames humains qui se jouent ! Un chiffre très parlant, qui date déjà de quelques années: la moyenne des revenus des commerçants de Monthey est de moins de 3’500 francs ! (selon sondage interne à ArtCom).

De nombreux patrons touchent moins que leurs employés, tout en travaillant sans compter leurs heures. Nous sommes très loin du cliché du patron riche qui pleurniche car il devra se contenter d’une VW au lieu d’une Porsche en fin d’année… le cri à l’aide des petits commerçants et leurs revendications au sujet des places de parc n’est ABSOLUMENT PAS UN CAPRICE, mais limite une question de vie ou de mort à moyen terme !


Même la police est inquiète !

Alors c’est peut être exagéré de dire « La Police », car ce n’est pas une position officielle de nos forces de l’ordre, mais en tout cas certains agents.

En effet, on m’a rapporté deux situations, lors desquelles l’agent demandant à une voiture de se déplacer pour ne pas rester sur le trottoir, a indiqué aux automobilistes mal parqués qu’ils devaient aller se plaindre à la municipalité, car dans la rue en question, il y avait par le passé bien plus de places (en indiquant même le nombre précis pour un cas à la rue du Coppet).

On peut aussi imaginer une certaine lassitude à verbaliser et/ou à se faire conspuer par certains automobilistes.


Que peut-on faire ?

Il est temps que nos autorités prennent le taureau par les cornes. La politique visant à forcer les gens à passer à une mobilité douce ne fonctionne pas autant que nous aurions pu tous l’espérer.

En effet, si cela fonctionne avec une partie de la population, cela marche nettement moins bien pour les clients venant d’autres localités, les pros, et les clients qui n’achètent pas que des choses petites, légères, en faible quantité, par beau temps, et à conditions qu’ils soient bien portants !

Je suis personnellement assez sceptique de voir la municipalité tenir enfin compte des multiples appels à l’aide des commerçants. Ce problème n’est pas nouveau, je n’ai rien inventé, tout cela revient d’année en année, et le plan directeur qui devait remédier à cette situation en créant de nombreuses places dans les transversales (Gare / Coppet / Industrie / Plantaud / Quai de la Vièze) n’est délibérément par respecté.

Seuls deux municipaux se démarquent des autres en prenant les problèmes des commerçants réellement en compte, en les écoutant et en se fiant à eux. Les autres préfèrent nous expliquer que nous (les commerçants) n’avons rien compris et qu’il faut un centre-ville quasi sans voiture. Que faire avec des gens qui ne veulent pas écouter et regarder la réalité de la situation, persuadés que leurs idées qui ne sont que des théories sont bien meilleures que notre propre expérience et pratique sur le terrain ?

Sinon, nous pouvons mener d’éventuelles actions de sensibilisation envers nos élus, et pourquoi pas lancer une pétition en commun dans les divers commerces du centre-ville. Mais la première étape consiste maintenant à compléter ce sondage, l’objectif étant d’avoir l’avis d’au moins 2/3 des commerces situés entre la cantonale et la petite ceinture.