Plan directeur : le contrat rompu !

En 2005, un « plan directeur des espaces publics du centre-ville de Monthey » est créé par la municipalité afin de définir avec précision et détail en 87 pages ce que sera le centre-ville de Monthey pour les 25 prochaines années. 2005 peut sembler loin, mais nous sommes bien dans la période qu’il régit.


Important: les propos ci-dessous ne sont que mon propre ressenti, et n’engagent que moi, je ne parle ici pas au nom du comité ArtCom. Je précise cela, non pas parce-que le comité n’est pas en accord, mais tout simplement car chaque membre a son propre ressenti et que je n’ai de ce fait tout simplement pas la légitimité de m’exprimer au nom de tous.


J’ai récemment étudié en détail ce plan toujours en vigueur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que soit la municipalité actuelle ne le connait pas, soit elle a délibérément dévié de la trajectoire définie par le plan directeur. Mais clairement, le contrat est rompu !

A. Qu’est-ce qu’un plan directeur ?

Avant d’entrer dans les détails de ce plan directeur, une recherche google nous permet de bien comprendre ce qu’est un plan directeur :

« Un plan directeur constitue le principal instrument de planification. Il permet de coordonner les activités qui ont des effets sur l’organisation du territoire, telles le développement de l’urbanisation, des transports et des infrastructures, tout en veillant à la protection de la nature et du paysage. Il règle en outre la planification de grands projets.« 

« Sur la base d’indications contraignantes, le plan directeur définit le cours que doit suivre l’aménagement du territoire, dans le sens d’une stratégie de développement territorial, et détermine l’orientation future de la planification. Il lie toutes les autorités, services et acteurs défini dans le plan directeur.« 

On parle ainsi bien « d’indications contraignantes« , sous-entendu que l’on doit s’y tenir. Et il est bien indiqué que cela lie les autorités et acteurs, dans notre cas le conseil municipal, les architectes et les représentants des artisans, commerçants et cafetiers qui ont à l’époque pris part à l’élaboration de ce plan directeur.

B. Où trouver le plan directeur de Monthey ?

Le seul plan directeur actuellement en vigueur présent sur le site internet de la municipalité, qui défini ce que devrait être le centre-ville de Monthey pour les 25 années suivantes sa création en 2005 se trouve ici:

https://www.monthey.ch/data/dataimages/upload/documents/plan_directeur_centre_ville_p1395841192174.pdf

Dans l’éventualité où il venait à être effacé par accident ou inadvertance du site de la commune, vous le trouverez également ici:

Plan Directeur de la Ville de Monthey

Ce plan de 87 pages très détaillées, décrit de manière très précise en 2005 comment devrait être Monthey pour les 25 prochaines années, soit jusqu’en 2030, et indique la direction et la politique à suivre. Ce document officiel est en quelques sortes un « contrat » passé avec les citoyens de Monthey et auquel ces derniers peuvent se référer.

C. Qui a défini et validé ce plan directeur ?

En mai 2003, le conseil municipal a mis en place une commission spéciale, composée des représentants suivants:

  • 8 membres du conseil municipal
  • 3 membres du conseil général
  • 4 chefs des services communaux
  • 3 représentants des artisans, commerçants et cafetiers
  • 2 membres du collège d’architectes
  • 1 représentant de l’office du tourisme
  • 1 architecte mandataire

Cela fait 22 personnes impliquées dans ce projet, étudié et mis sur pied durant deux ans et demi (de mai 2003 à novembre 2005), on comprend alors clairement qu’un tel document ne peut être considéré comme insignifiant ou anodin. Ce plan directeur est vraiment le document de RÉFÉRENCE, une sorte de CONTRAT passé avec la population, qui n’a que ce plan directeur auquel se référer pour connaitre la direction que prend la ville en matière d’aménagement du centre-ville.

Clairement, on ne réunis pas 22 personnes pour leurs compétence, durant de nombreuses séances étalées sur 2 ans et demi, pour rédiger un plan de 87 pages aussi précis et détaillé que ce plan directeur, pour le ranger ensuite au fond d’un tiroir et faire tout autre chose de notre ville. Affirmer que ce plan n’engage à rien est à la limite de la malhonnêteté intellectuelle.

D. Que nous apprend ce plan directeur ?

Je ne vais développer ici que les points de litige, soit l’automobile et les places de parc en surface.

  1. En rubrique « L’automobile: organiser et maîtriser« , page 19, le tout premier principe, c’est à dire le premier de la liste est: « favoriser l’accessibilité, permettre un accès aisé au centre-ville et aux activités commerciales« .

    Je considère que prévoir d’enlever environ 80% des places de parc de surface au centre ville ne peut en AUCUN CAS être considéré comme favoriser l’accessibilité aux commerces.
  2. Plus bas, dans cette même rubrique, il est expliqué ceci « La Petite-Ceinture (…) dessert l’ensemble du Centre-Ville par des boucles de circulation et de parcage. Le parcage de courte durée reste présent en surface le long des radiales (Gare, Coppet, Industrie, Plantaud)« .

    Il était ainsi clairement défini que ce qui devait alimenter le centre-ville étaient les 318 places de parc prévues dans les rues perpendiculaires à la petite-ceinture (avenue du Théatre / rue du Midi et rue de Venise). Tout cela a un sens et résulte d’études menées sérieusement.
  3. En rubrique « Principe de parcage« , page 38, le seul paragraphe écrit en gras, pour bien montrer qu’il s’agit de l’élément le plus important de cette rubrique est le suivant:

    « Il est précisé le souci des artisans et commerçants de ne pas diminuer l’offre générale en places de stationnement, en tenant compte de la nécessité d’une meilleure localisation de celles-ci par rapport aux objectifs des nouveaux aménagements.« 

    Ce sont donc bien les représentants des commerçants, artisans et cafetiers au sein de la commission d’élaboration de ce plan directeur, qui ont expressément demandé à ne surtout pas diminuer les places de parc. Ce qui nous a été confirmé par M. Langel, ancien président d’ArtCom. Prétendre maintenant que c’est à la demande des commerçants que l’on supprime des places de parc est une grave erreur.
  4. Dans cette même rubrique, toujours en page 38, le « parcage de courte durée » est défini comme suit:

    « Le parcage de courte durée est situé sur les dessertes du centre-ville, le long des boucles d’accès en sens unique.« 

    Selon les divers plans constituant le document, cela correspond précisément aux rues de la Gare, rue du Crochetan, rue du Coppet, avenue de l’Industrie, seconde partie de la rue de Venise, avenue des Alpes et le haut de l’avenue de la Plantaud. Ainsi, la situation actuelle avec ses 80% de places de surface supprimées ne correspond ni aux différents plans de rues présents dans le document, ni à l’esprit et les dispositions précises définies dans ce plan directeur. Le « contrat » passé avec la population est bel et bien rompu.
  5. Encore en page 38, à propos de l’angle de l’avenue de la Plantaud et de la rue de Venise, où se construit actuellement un EMS, il est stipulé:

    « A moyen terme, la volonté est clairement exprimée de créer des capacités de parking en souterrain: (…) – en intégrant un étage de parking souterrain public dans le cadre d’un projet privé, par ex. à l’angle des rues de Venise et Plantaud.« 

    Or, après renseignement pris auprès de la direction du chantier, l’étage de parking public prévu par le plan directeur n’existe pas dans le bâtiment actuellement en construction. Là aussi, la municipalité n’applique pas ce qu’elle a elle-même défini dans son plan directeur.

E. Combien de places de parc en surface avons-nous perdu ?

Selon la municipalité, le chiffre officiel est de 74 places, mais selon la police, c’est « en tout cas plus de 200 ». Si on veut un chiffre vraiment précis, il suffit de compter les places qui se trouvent dans les rues, et de se référer au plan initial.

Le plan directeur officiel et téléchargeable sur le plan de la commune, comporte différents plans de rues très précis et détaillés, qui définissent les places de parc.

En page 40, nous trouvons un plan présentant la « situation actuelle », c’est à dire la situation de 2005, année de publication du plan directeur. Nous avons scrupuleusement compté chaque place, et le total était alors de 229 places de parc en surface dans les rues comprises dans la petite ceinture.

Le plan directeur prévoyait de monter le nombre de place de surface à 318, soit une augmentation de 139%. Nous nous sommes donc rendus dans ces mêmes rues afin de compter une à une chaque place de parc restante. Début septembre 2020, il en restait 111, soit une perte de 66% des places de parc par rapport au projet, mais il reste encore l’avenue des Alpes, le haut de l’avenue de la Plantaud et la fin de la rue de Venise à finaliser. Les travaux commenceront prochainement, très probablement à la fin de l’aménagement final de la place du Comte Vert.

Si la municipalité applique les mêmes principes de suppression des places de parc pour les rues à finaliser, il ne devrait à terme ne rester plus que +/- 70 places, soit une baisse d’environ 80% du nombre de places de parc en surface par rapport à ce qui était prévu.

Si ces places avaient été remplacées par des places dans des parkings sous-terrains proches du centre ville, par exemple sous la place du Comte-Vert, sous l’EMS actuellement en construction à l’angle Plantaud / Venise ou encore sous les places centrale et de l’hôtel de ville, peut être que cela ne poserait pas tant de problème qu’actuellement. Mais les parkings sont trop éloignés pour que cela fonctionne. Les usagers préfèrent éviter Monthey, et les commerçants ont noté une baisse de fréquentation significative dès la suppression des places de parc en question.

Pour résumer la raison de cet effet, je reprend ce qui est expliqué dans le constat de situation du centre-ville de Monthey d’ArtCom: les commerçants ne peuvent pas vendre que des choses légères, peu volumineuses, en faible quantité, par beau temps, à des gens en bonne santé et qui ont le temps. C’est beaucoup trop de contraintes pour que le commerce ait une réelle pérennité, car dans les conditions actuelles, les usagers préfèrent éviter notre centre-ville.

F. Conclusion:

En 2005, la municipalité a mis sur pied un projet remarquable et expliqué dans le détail dans son plan directeur, qui est de ce fait « LE » document de référence, parfaitement étayée et argumenté.

Chaque situation, chaque rue, chaque choix y est expliqué précisément, et comme annoncé au début de cette publication, ce plan directeur est LE SEUL actuellement consultable sur le site internet de la municipalité.

Quelques 15 ans après la définition précise de l’objectif, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas atteint. On peut même affirmer que la municipalité avait avec ce plan directeur une sorte de contrat avec ses administrés, et ce contrat est clairement rompu.

On ne peut pas nous faire croire sérieusement que ce plan directeur n’est qu’une vague étude qui n’engage rien, sachant que 22 personnes ont mis deux ans et demi à le définir dans le moindre détail, rue par rue, place par place. Si ce plan devait être modifié, il aurait dû être remplacé, complété ou encore amendé.

Le 31 août dernier, lors d’une réunion entre le comité ArtCom et le conseil municipal, plusieurs conseillers municipaux ont expliqué que ce plan directeur n’est plus d’actualité. Le président d’ArtCom en a donc naturellement déduit que la présence de ce plan sur le site de la commune était inutile et induisait nos concitoyens en erreur. Il a donc demandé à la municipalité de supprimer ce document du site de la commune, ce à quoi notre président de commune s’est opposé en s’écriant « Ah non, c’est le seul qu’on ait« , confirmant ainsi que ce plan directeur de 2005 est bien le document de référence.

Imaginez qu’un architecte dessine et planifie un chalet en bois, et qu’à la remise des clés le client se retrouve avec un immeuble de 3 étages en béton… et bien c’est un peu ce qui arrive aux Montheysans et plus particulièrement aux commerçants de notre ville: en matière d’accessibilité et de parcage, absolument RIEN ne correspond aux objectifs définis par le plan directeur.